Sapere aude (ose exercer la raison)

Mais de ton côté, évite les personnes bruyantes et agressives, car il n'y a que mal et chagrin qui émanent d'elles, si tu te compromets avec elles. Néanmoins, il est de ton devoir de les respecter en tant qu'hommes et de leur accorder tous les droits qui sont justes. En tant qu'homme, tu ne dois pas et tu ne peux pas les mépriser, même s'il t'est impossible d'entretenir avec elles des relations inter-humaines intègres. Mais à tous égards, agis pour le mieux avec elles et ne te laisse jamais aller à les mépriser. Même si tu dois éviter la présence de personnes bruyantes et agressives, en gardant vis-à-vis d'elles la nécessaire distance de fréquentation, fais malgré tout preuve de politesse, de paix et d'honnêteté envers elles, et parle aimablement, sans haine, quand elles t'adressent la parole, ou quand une parole de ta part est nécessaire. Cela veut dire aussi que tu ne dois jamais ressentir de la haine envers ton prochain, car la haine nuit en tous les cas d'abord à toi-même, et en second lieu, éventuellement, seulement, à ton prochain. Compare toujours tes prochains, tes semblables, à toi-même, et ne fais jamais preuve de fierté ou d'amertume à leur égard. Sois toujours ouvert et sociable et toujours prêt à aller au-devant de ton prochain dans un esprit de pardon. Ne te sens jamais, non plus, supérieur à tes semblables, et ne pense jamais que ta valeur est supérieure à la leur, car, en vérité, tous les hommes sont d'égale valeur, quelle que puisse être leur nature, car l'homme, en tant que tel, reste toujours un homme, quelles que puissent être ses bonnes ou mauvaises actions. De ce fait, ne condamne jamais ton prochain, ton semblable, s'il se livre ou s'est livré à des actes qui violent la loi et l'ordre, ou qui s'opposent tout simplement à tes propres opinions, à ta morale et à tes sentiments, etc. Ne condamne toujours que ce qui est accompli par le semblable - ou par toi-même, car, n'est uniquement condamnable que ce qui viole la loi et l'ordre; donc, les actions de l'homme violent la loi et l'ordre, mais jamais l'homme lui-même en tant que tel. En tant qu'homme, chacun est intouchable, est tabou, en tant que tel, car en tous les cas, on ne peut émettre une condamnation que pour les actes enfreignant la loi et l'ordre. Cependant, ce que l'homme peut faire en tous les cas, tombe en règle générale sous sa propre volonté, et ainsi, également, sous ses propres pensées, et ce sont précisément elles, alors, qui doivent être rectifiées par lui, en ce sens que, d'une certaine manière appropriée, humaine et raisonnable, elles sont incitées à supprimer les agissements erronés et, dorénavant, à maîtriser la vie et tout ce qui s'y rapporte, d'une manière conforme à la loi et à l'ordre. C'est ainsi que chaque homme en tant que tel est également responsable pour lui-même et possède aussi, à cet égard, les mêmes droits que son prochain, ce qui, en tous les cas, s'applique aussi à toi-même.